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Toxicités unguéales, quoi faire ? |
Abstract
Patients treated with systemic anticancer drugs often show changes to their nails, which are usually well tolerated and disappear on cessation of treatment. However, some nail toxicities can cause pain and functional impairment and thus substantially affect a patient's quality of life, especially if they are given taxanes or EGFR inhibitors. These nail toxicities can affect both the nail plate and bed, and might present as melanonychia, leukonychia, onycholysis, onychomadesis, Beau's lines, or onychorrhexis, as frequently noted with conventional chemotherapies. Additionally, the periungual area (perionychium) of the nail might be affected by paronychia or pyogenic granuloma, especially in patients treated with drugs targeting EGFR or MEK. We review the nail changes induced by conventional chemotherapies and those associated with the use of targeted anticancer drugs and discuss preventive or curative options.
Références de l'article original :
Robert, Caroline; Sibaud, Vincent; Mateus, Christina; Verschoore, Michè.le; Charles, Cé.cile; Lanoy, Emilie; Baran, Rober.- The lancet oncology 2015; 16(4): e181-e189
Synthèse réalisée par Claire Gervais (Unité fonctionnelle de soins oncologiques de support, hôpital européen Georges-Pompidou, Paris) :
Le Lancet Oncology publie ce mois-ci une revue de littérature complète et détaillée, réalisée par les spécialistes français en onco dermatologie. Vous trouverez les différentes atteintes des ongles en fonction des traitements (cytotoxiques vs thérapies ciblées) ainsi que des conseils pratiques pour la prévention et la gestion de ces toxicités.
De façon un peu caricaturale, on considère que les chimiothérapies cytotoxiques sont responsables de troubles de l'ongle en lui-même alors que les thérapies ciblées atteignent les tissus autour de l'ongle.
Le motif de consultation concerne le plus souvent des douleurs en rapport avec une onycholyse (décollement disto latéral de l'ongle) ou des paronychies (inflammation des replis latéraux et sus unguéaux).
L'onycholyse est une complication classique des taxanes (principalement du docetaxel) mais elle peut apparaître également avec d'autres drogues cytotoxiques (capecitabine, étoposide, mitoxantrone ou la doxorubicine). Une explication évoquée serait liée la neurotoxicité avec une inflammation des petites fibres nerveuses distales.
• traitement préventif: protéger les ongles de l'eau, utiliser des gants/chaussettes réfrigérants pendant les injections de chimiothérapie, vernis +/-
• traitement curatif: couper les ongles (podologue), antisepsie rigoureuse
Les paronychies sont observées avec l'utilisation des thérapies ciblées (anti EGFR, anti MEK) et des taxanes. Le risque principal est la surinfection avec l'apparition d'un granulome pyogène.
• traitement préventif: éviter les traumatismes, frottements, manipulations des ongles (manucure)
• traitement curatif: dermocorticoïdes (si pas de surinfection), destruction mécanique (azote liquide, nitrate d'argent, acide trichloroacetique, parfois chirurgie pour extraire le bourgeon charnu), prélèvements en cas de surinfection et antibiothérapie adaptée.
Il existe d'autres atteintes des ongles peu invalidantes comme les chromonychies (coloration pathologique), les hémorragies sous unguéales. Les lignes de Beau, classiquement décrites avec les cytotoxiques, sont des dépressions linéaires de la tablette unguéale qui émergent de la matrice et peuvent apparaître après chaque cycle de chimiothérapie.
En conclusion, ces toxicités unguéales parfois très invalidantes doivent attirer l'attention du clinicien et nécessitent, en cas de surinfection résistante au traitement médical, d'orienter rapidement les patients vers le dermatologue.
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